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Photo du rédacteurNicolas Blanchette, Ost, B.sc kin

Le Syndrome Sacro-Iliaque

Dernière mise à jour : 6 juin 2023



Syndrome sacro-iliaque est le nom donné à une plainte de douleur persistante (qui continue depuis plus de trois mois) qui implique la région du bas du dos et possiblement de la fesse et/ou de l’aine.

Il s’agit d’un trouble dont la définition ne fait pas consensus parmi la communauté scientifique. Toutefois, il est admis que les différentes douleurs et répercussions qu’elles entraînent ne peuvent être expliquées par des examens médicaux de la colonne vertébrale ou de la hanche. En outre, sa prévalence parmi la population serait plus rare que les radiculopathies, hernies discales et autres problèmes liés à la colonne vertébrale.

Avant toute chose, il est bon de rapeller que toute forme de douleur persistante est multifactorielle par nature. C’est donc dire qu’il n’existe pas une cause unique contribuant à l’expérience de la douleur vécue, mais bien plusieurs facteurs qui entraînent des répercussions les uns sur les autres et influencent les symptômes et leurs impacts sur la personne qui souffre. Ainsi les patient(e)s montrent-ils/elles de meilleurs pronostics de réhabilitation lorsque des interventions sont entreprises concernant à la fois les éléments physiques, psycho-émotionnels et sociaux.



Anatomie

L’articulation sacro-iliaque fait partie du bassin, le complexe articulaire principal du membre inférieur, aussi appelé ceinture pelvienne. Comme son nom l’indique, l’articulation est à la jonction de l’os appelé sacrum et de celui appelé iliaque. Puisque le bassin est composé d’un sacrum et de deux os iliaques dans lesquels s’emboîtent les hanches (l’articulation coxo-fémorale), il y a donc une articulation sacro-iliaque gauche et une droite.

Ces articulations sont renforcées par de nombreux ligaments, ce qui leur confère beaucoup de robustesse, mais diminue leur potentiel de mobilité (la nature étant bien faite, les articulations adjacentes, celles des hanches, jouent ce rôle de permettre une grande mobilité pour les membres inférieurs). Les articulations sacro-iliaques sont richement innervées. Par ailleurs, il a été expérimentalement démontré que, lorsque les nerfs avoisinant l’articulation sacro-iliaque sont irrités, ils produisent une réponse douloureuse pouvant être à la fois locale (directement dans l’articulation) et éloignée du site d’irritation, au niveau de l’aine ou de la fesse par exemple (Kurosawa et coll, 2015).


Évaluation

Quand soupçonner la présence d’un syndrome sacro-iliaque ? En premier lieu, si les examens médicaux de la colonne vertébrale et de la hanche ne montrent rien de particulier!

Ensuite, il faut enquêter sur le mécanisme de blessure et les signes et symptômes rapporté par le/la patient(e). Des experts ayant étudié la question (Visser te coll, 2022) recommandent de porter une attention particulière aux éléments suivants :

  • Un(e) patient(e) qui aurait chuté sur les fesses

  • Des symptômes qui n’ont pas un aspect ‘’nerveux’’ (c-a-d, qui ne sont pas décrits comme des brûlures, une sensation de froid, des engourdissements, la sensation d’avoir envie de se gratter, etc.)

  • Il est possible pour le/la patient(e) de se pencher vers l’avant, voire de toucher le plancher sans exacerber la douleur

  • La prise d’analgésiques (acétaminophène) et d’anti-inflammatoires réduit la douleur


De plus, lorsque le/la patient(e) est capable d’identifier du doigt une zone douloureuse précise à plusieurs reprises tout près d’un repère anatomique appelé épine iliaque postéro-supérieur, il y aurait davantage de possibilité de faire face à ce syndrome (Laslett, 2005. Peterson, 2004).

Signe de fortin

Ce test simple serait davantage valable lorsque combiné aux épreuves appelées tests provocatifs de Laslett. Il s’agit d’un examen manuel composé de 4 tests, dont au moins 2 tests sur 4 doivent être positifs et doivent reproduire la douleur du patient(e) (Laslett et coll. 2005). Selon de récentes recherches, si ces tests sont négatifs, il serait possible d’éliminer avec une certitude de 92% l’implication de l’articulation sacro-iliaque dans la problématique du patient(e) (Sauressig et coll, 2021). Finalement, en cas de doute, la meilleure preuve d’une implication de l’articulation sacro-iliaque demeure la suppression des symptômes après un bloc nerveux sacro-iliaque par fluoroscopie guidée (Simopoulos et coll, 2012).


Mon bassin est-il déplacé?

Comme nous l’avons exposé d’entrée de jeu, plusieurs facteurs physiques, psycho-émotionnels et sociaux peuvent contribuer au phénomène de la douleur persistante. Mais rassurez-vous : le fameux ‘’bassin déplacé’’, n’est pas l’un d’entre eux!

C’est toutefois un mythe fortement ancré dans la pensée populaire. En réalité, c’est une association erronée. J’explique :

  1. On a mal dans le bas du dos ou au bassin

  2. Un thérapeute bien intentionné applique des techniques manuelles physiques impliquant du mouvement des articulations avoisinant le site douloureux

  3. La douleur diminue en réaction

  4. C’est donc que quelque chose qui n’était pas à sa place a été replacé manuellement, non ? C’est pour cela que nous avons moins mal. N’est-ce pas ?

Pas si vite! C’est une explication simple qui satisfait notre cortex, mais la réalité montre un portrait beaucoup plus complexe. Le corps humain, souvent comparé à une machine, fonctionne en réalité de manière très différente et beaucoup plus sophistiqué !

Thérapie manuelle pour la ceinture pelvienne

Même s’il est certes bien démontré que la thérapie manuelle puisse aider à atténuer la douleur (raison pour laquelle plusieurs personnes consultent régulièrement!) son action implique plusieurs mécanismes complexes de nature tissulaire, neurophysiologiques et psycho-sociales (Fryers, 2017). Par ailleurs, les articulations sacro-iliaques représentent l’une des articulations les plus stables et les plus solides du corps humain : elles ne se ‘’subluxent’’ tout simplement pas avec des mouvements de la vie quotidienne et même des accidents comme une chute (Bates et O’Sullivan, 2015).

Certain(e)s chirurgiens orthopédiques travaillant auprès des accidenté(e)s sévères de la route mentionnent qu’ils/elles doivent parfois opérer des gens tellement mal en point que pratiquement tous leurs os sont fracturés et ils/elles présentent de multiples luxations articulaires. Pourtant, les articulations sacro-iliaques, elles, demeurent parfaitement en place !

Les évidences scientifiques sont fortes sur ce point : les déplacements intra-articulaires sacro-iliaques ne se produisent tout simplement pas et les manipulations sacro-iliaques ne permettent pas non plus de les remettre en place (Tullberg, 1998).

Il est certes tout à fait possible d’adopter une posture antalgique lorsqu’on a mal. Tout comme il est possible de ressentir que notre corps n’est pas tout à fait ‘’comme d’habitude’’ lorsque l’on souffre ; les influx de douleur se rendant jusqu’à notre cerveau brouille notre proprioception, soit notre perception de notre corps dans l’espace (Wand et coll. 2011).

Le cortex sensorimoteur et la carte somatosensorielle interne

Mais ce n’est pas parce que notre bassin est déplacé pour autant! Qui plus est, concevoir que notre bassin se déplacerait ainsi et aurait besoin d’être replacé pour se sentir mieux contribue à créer des problèmes! Ceux, par exemple, de penser que notre corps est fragile (perte de confiance en soi) ou encore que nous ayons absolument besoin d’un intervenant externe pour nous aider chaque fois qu’on a mal (perte d’auto-efficacité, dépendance thérapeutique). Paradoxalement, ces croyances nocives peuvent contribuer à ancrer la douleur persistante de manière plus importante!


Alors, si mon bassin n’est pas déplacé, que puis-je faire ?

Heureusement, plusieurs pistes de solution s’offrent à vous pour vous aider à progressivement vaincre la douleur persistante. Il est important de miser principalement sur des solutions actives (A dans l’énumération ci-dessous). Ce sont des outils dans lesquels vous devez vous impliquer plutôt que simplement recevoir un traitement (interventions passives ou P). Par exemple : l’exercice physique, la modification des habitudes de vie ou la thérapie cognitivo-comportemental représentent des options actives.

A : L’exercice physique graduel représente la modalité la plus éprouvée scientifiquement pour atténuer la douleur musculosquelettique persistante. Les physiothérapeutes ou les kinésiologues pourront vous guider dans leur utilisation. Pour en savoir plus.

A : L’éducation sur la douleur persistante et la thérapie cognitivo-comportementale : pour mieux comprendre la douleur, reprendre le contrôle et désamorcer les sources d’inquiétudes et de déprime qui peuvent contribuer à ancrer le problème.

P : La médication : Consulter toujours votre médecin lorsqu’il est question de médicaments! Les anti-inflammatoires sont souvent efficaces pour réduire la douleur associée à ce trouble et permettre, par exemple, une meilleure reprise des activités de la vie quotidienne ou de l’exercice physique. Leur prise n’est toutefois souvent pas indiquée pour le long terme, ainsi il faudra penser à exploiter d’autres mécanismes pour tenter de diminuer l’activité inflammatoire, principalement…

A : Les interventions sur les habitudes de vie : activité physique, sommeil, alimentation et gestion du stress, jouent souvent un rôle-clé dans la douleur persistante! Pour en savoir plus

P : L’application de chaleur ou de froid : lequel choisir ? Faites simplement l’essai de l’un ou l’autre environ 10-15 minutes et réemployer au besoin celui qui vous apporte le plus grand bien-être. Pour en savoir plus

(A/P, selon le type utilisé) La thérapie manuelle : telle que pratiquée par un(e) ostéopathe ou un(e) kinésithérapeute, par exemple.

(P) L’acupuncture, etc.

(P) L’utilisation d’une ceinture sacro-iliaque pour les femmes enceintes en troisième trimestre peut représenter une option intéressante pour les douleurs sacro-iliaques pendant la grossesse (Fitzgerald et coll, 2021)


Le pont : un exercice de renforcement pour la ceinture pelvienne

En conclusion

Le syndrome sacro-iliaque représente un trouble persistant de la région du bassin qui ne fait pas consensus auprès des experts, mais dans lequel la colonne vertébrale et la hanche ne sont pas en cause. Comme toute douleur persistante musculosquelettique, la personne qui en souffre peut agir sur des éléments physiques, psycho-émotionnels et sociaux pour aider à améliorer son état. Quoi qu’il en soit, votre bassin n’est pas déplacé ! La solution est entre vos mains : il existe une panoplie d’outils disponibles pour améliorer votre état. Les meilleurs résultats sont souvent obtenus en combinant les approches et en visant une progression graduelle à moyen-long terme. Et si vous avez besoin d'un coup de main supplémentaire, nous sommes là pour vous !

 

Nicolas Blanchette pratique l’ostéopathie et la kinésiologie avec son équipe Ostéo-Solution sur la Couronne Nord de Montréal. Vous pouvez prendre rendez-vous directement en ligne.

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