Le syndrome fémoro-patellaire est une condition douloureuse commune caractérisée par une douleur ressentie à l'avant du genou. Bien qu’il ne soit pas exclusif à cette population, le syndrome touche davantage les gens physiquement actifs, tant au niveau compétitif que récréatif. Les symptômes douloureux sont surtout ressentis lorsque l’articulation est mise en charge de manière plus importante, comme lors de la descente des escaliers par exemple.
Selon une compilation des études récentes par le Journal of Sports Medicine (2016), la condition affecterait jusqu'à 17% de la population.
Chez les sportifs récréatifs présentant ce syndrome, près de 25% d’entre eux abandonneront leur sport après avoir ressenti les inconforts liés au syndrome. Voilà une conséquence des plus négatives. Surtout lorsque l’on considère que le manque d’activité physique est une cause majeure d’augmentation des risques de maladies cardio-vasculaires et d’autres conditions dégénérative comme le diabète de type 2!
Avec le syndrome fémoro-patellaire, le ou la patient(e) rapporte des douleurs à un ou les deux genoux sans que ni la radiographie ni la résonance magnétique ne puissent en fournir une explication. C’est particulièrement vrai chez les jeunes sportifs; en effet, ils sont eux aussi touchés par ce syndrome malgré le fait qu’ils ne présentent aucune dégénération visible des composantes articulaires de leurs genoux. Les femmes sont plus touchées que les hommes par ce syndrome.
Causes du syndrome
Les recherches montrent qu’un facteur-clef dans le développement du syndrome fémoro-patellaire pourrait être ce que l’on appelle en kinésiologie la présence d’un valgus dynamique du genou. Qu’entend-on par cela exactement? La position appellé valgus du genou fait référence à un déplacement du genou vers la ligne centrale du corps. Certaines variations génétiques normales dans l’ossature ou certains déséquilibres de force musculaire peuvent entraîner un maintien postural en valgus. Le maintient statique du genou en valgus n'est pas un problème en lui-même. Il existe toute sorte de variations dans l'alignement du genoux et cela n'est pas corrélé avec la douleur (nous avons écrit un article à ce sujet ICI)
Lorsque l’on parle de valgus dynamique, les genoux ne dévient pas vers l’intérieur en permanence. Ils effectuent plutôt de petits mouvements de déviation par saccade lorsque l’articulation est mise en charge. Ce sera notamment le cas lors de la montée et de la descente d’escalier, tandis que tout le poids du corps est temporairement supporté par un seul membre inférieur. Des recherches récentes ont permis de montrer que ce valgus dynamique du genou a un impact sur le glissement de la rotule, entraînant cette dernière davantage vers l’extérieur. Cette variation dans la position de la rotule pourrait expliquer une partie des symptômes douloureux impliqués dans le syndrome fémoro-patellaire.
Quels éléments peuvent contribuer à la présence de ce valgus actif? Deux éléments ont été mis en évidence par les recherches : ce sont
La présence d’un déficit de force (faiblesse) et de réactivité de certains muscles de la hanche
La présence d’un pied dont l’arche plantaire s’affaisse de manière excessive lors du mouvement.
Gestion de la condition et correction du problème
Peu importe l'implication du valgus actif ou non dans la condition, on sait cependant ceci :
Les données collectées par les scientifiques jusqu’à maintenant montrent qu’une approche multimodale sans intervention chirurgicale apporte les meilleurs résultats dans la gestion du syndrome fémoro-patellaire.
La prise-en-charge d’un patient pourrait, par exemple, combiner certains des éléments suivants :
Gestion de la douleur aiguë par la prise d’analgésique et/ou d’anti-inflammatoire non-stéroïdien
Utilisation de supports externes proprioceptifs comme des orthèses souples ou un ‘’taping’’ Utilisation d’orthèse plantaire pour les patient(e)s présentant des anormalités génétiques ou dégénératives du pied ne pouvait être corrigé via un renforcement musculaire.
Éducation du patient sur la douleur, le syndrome fémoro-patellaire et l’importance de demeurer physiquement actif
Utilisation d’exercice de renforcement pour la musculature du genou et de la hanche.
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Une revue de la littérature faite en 2015 et publiée dans le Journal of Physical Therapy Science a mis en commun les résultats de plusieurs études faites dans le monde au sujet des méthodes utilisées pour soulager les douleurs liées au syndrome fémoro-patellaire. Or, les interventions qui ont produit le meilleur taux de succès pour cette condition incluaient des exercices d'assouplissement et de renforcement des muscles de la cuisse (quadriceps) mais aussi des muscles fessiers. Les muscles fessiers comme le grand et le moyen fessier, de même que les pelvi-trochantériens permettent en effet de stabiliser la hanche lors de la mise-en-charge sur une jambe. Pourvu que le pied fonctionne bien, c’est par cette action des muscles fessiers sur le fémur que l’on prévient une déviation vers l’intérieur de ce dernier, et de l’articulation du genou par le même fait.
Descente de marche sous contrôle (step down)
L’exercice que je trouve le plus efficace en clinique par rapport au syndrome fémoro-patellaire est la ''descente de marche sous contrôle'' ou step-down. Cet exercice présente plusieurs points forts et produit son effet rapidement chez ceux qui prennent le temps de l'exécuter :
Step down : version débutant avec aide des rampes
Step down : version plus avancée
Le step-down permet un renforcement des quadriceps et des muscles fessiers en minimisant les contraintes de compression sur la rotule (donc, la plupart du temps indolore à réaliser).
Il encourage un travail en synergie des muscles de plusieurs articulations : le pied, la cheville, le genou et la hanche.
Il cherche à minimiser le mouvement de valgus actif, c'est à dire, la déviation du genou vers l'intérieur à l'effort, une faute biomécanique qui pourrait être associée au syndrome fémoro-patellaire
Il utilise le travail de la partie excentrique de l'exercice (descente), ce qui a été montré dans les études comme étant une méthode efficace avec de nombreuses tendinopathies (ici, le tendon du quadriceps est parfois impliqué dans le phénomène douloureux)
Il améliore la conscience de son corps dans l'espace (proprioception)
Il permet d'exposer le/la client(e) à un mouvement fonctionnel qui pourrait lui faire peur à prime abord. Graduellement s'exposer à ses peurs dans un contexte contrôlé et sécuritaire est bénéfique pour gagner en confiance et diminuer la peur de bouger (kinésiophobie).
Étapes pour réaliser adéquatement l'exercice de ‘’descente de marche sous contrôle’’
Vous pouvez réaliser cet exercice à l'aide de n'importe quel escalier en utilisant la hauteur de une ou deux marches selon votre condition physique. Si vous n'avez pas d'escaliers à la maison ou désirer une autre option qui vous permette de progresser dans la hauteur de l'exercice au fil du temps, les steps d'aérobie offre une alternative stable et pratique. Je vous recommande le modèle ajustable ci-dessous. Il permet trois niveaux de hauteur différents.
Placez-vous sur une marche d'escalier. Installez un pied dans le vide derrière vous. Pour débuter (et si nécessaire), il est possible de tenir une rampe d'escalier afin d'aider avec l'aspect équilibre de l'exercice (en progressant, il faudra toutefois chercher à éliminer ce support peu à peu).
En fléchissant le genou, laissez-vous descendre lentement sous contrôle jusqu'à ce que les orteils de la jambe arrière frôlent le plancher ou la marche inférieurs. Prenez de quatre à cinq bonnes secondes pour descendre et ne déposez pas le pied arrière au sol complètement. Lors de cette étape, il est de première importance de chercher à aligner le genou avec la pointe du soulier (le deuxième orteil). C'est cette action qui favorisera un recrutement adéquat des muscles fessiers pour réduire le valgus actif du genou (déviation vers l'intérieur).
Si vous en êtes capable, remontez à la position de départ en contractant la cuisse. Si c'est trop difficile, déposez le pied arrière au sol et remontez pour prendre la position de départ à nouveau.
Répétez l'exercice pour 2 à 4 séries de 5 à 10 répétitions. Misez sur la qualité plutôt que la quantité. L'exercice sera ensuite réalisé aux deux jours jusqu'à diminution des symptômes douloureux lors des activités quotidiennes
Pour les mêmes raisons citées plus haut, le ''step-down'' est aussi un excellent exercice même si l'on ne souffre pas de syndrome fémoro-patellaire!
En conclusion
Si vous souffrez de syndrome fémoro-patellaire et ne parvenez pas à solutionner le problème par vous-même, n’hésitez pas à prendre contact avec un professionnel comme un kinésiologue, un physiothérapeute ou un ostéopathe. Il saura vous aider à vous procurer les outils pour surmonter ce problème.
Contenu mis-à-jour avril 2020 ________________________________________________________________
Nicolas Blanchette pratique l’ostéopathie et la kinésiologie avec son équipe Ostéo-Solution sur la Couronne Nord de Montréal. Vous pouvez prendre rendez-vous directement en ligne.
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Source: PETERSON, Wolf & Coll. Patellofemoral pain in athletes, Dove Medical Press Limited, 2017